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histoire.

(Décl. du 17 juin 1681, donnée à Versailles. Signé Phélypeaux). D’autres mesures vinrent bientôt interdire toute assemblée de réformés, ailleurs que dans les temples, leur reconnaissant ainsi ce dernier droit ; mais il fut modifié par une autre déclaration qui stipulait qu’il y aurait dans les temples une place réservée pour les catholiques, « pour y entendre ce que les ministres disent dans leurs prêches, afin, non seulement de les pouvoir réfuter s’il est besoin, mais aussi de les empêcher, par leur présence, d’avancer aucune chose contraire au respect dû à la religion catholique, apostolique et romaine. » (Décl. du 22 mai 1683.) L’année suivante, il fut ordonné que les ministres ne pourraient faire leurs fonctions plus de trois ans dans un même lieu, ni tenir de consistoire plus fréquemment que tous les quinze jours ; enfin, sur la demande du clergé réuni en assemblée générale à Saint-Germain-en-Laye, le culte réformé fut

    de laquelle on soutient que les adultes mêmes sont incapables d’entrer. — Quelquefois même on nous enlevait la gloire de confirmer dans la vérité ceux que nous avions instruits dès leur enfance. — Quelquefois on nous chassait du royaume et quelquefois on nous défendait sous peine de mort d’en sortir. Ici, vous auriez vu des trophées dressés à la gloire de ceux qui avaient trahi leur religion ; là, vous auriez vu traîner sur l’échafaud, sur la galère ou dans les cachots, ceux qui avaient le courage de la confesser ; là, des corps morts traînés sur la claie pour avoir expiré en la confessant. Ailleurs vous auriez vu un mourant aux prises avec les ministres de l’erreur, partagé dans la crainte de l’enfer s’il persistait dans son apostasie, et la crainte de laisser ses enfants sans pain s’il employait ses derniers moments que les trésors de la Providence et de la longue attente de Dieu lui laissaient encore pour s’en relever ; dans un autre endroit, des pères et des mères s’arracher à des enfants, sur lesquels la crainte d’être séparés d’eux dans l’éternité leur faisait répandre des larmes plus amères que celles de s’en voir séparés pour cette vie. Ailleurs des familles entières arrivant dans des pays protestants le cœur pénétré de joie de revoir des temples et trouvant dans ces objets de quoi adoucir ce qu’il y avait de plus amer dans le sacrifice qu’ils avaient fait pour les posséder. » (Saurin. Serm. pour la consécrat. du temple de Voorburg.)