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Page:Coquet - De la condition des célibataires en droit français.djvu/15

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comme on disait alors, se montre à nous sous un auguste aspect et Montyon s’écrie, avec un mépris délicieux des réalités pratiques : « Comme elle s’élève au-dessus de cette industrie fiscale qui se borne à faire entrer quelques sommes de plus dans le trésor public[1] ! » La finance force l’homme à faire de sa richesse un usage sensé et moral, punit ce qui est répréhensible sans être criminel, et, dit Montyon, « protégeant le citoyen… l’éclairant dans ses affections, le dirigeant dans ses travaux, elle semble une Providence nationale qui, en le rendant sage, le rend heureux[2]. »

Vous pensez bien qu’une Providence si envahissante et si tyrannique n’est pas tendre pour les célibataires. Elle les punit pour leur inutilité sociale et pour leur corruption. « Il est juste qu’un célibataire qui se dispense de procréer et d’élever des citoyens… paie indemnité de la charge civique à laquelle il se soustrait, et que cette classe d’hommes, qui, souvent corrompue et corruptrice, jouit des plaisirs du mariage sans en contracter les liens, soit restreinte par la crainte des impôts[3]. »

Heureusement pour les contribuables, M. de Montyon découvrit enfin qu’il était plus généreux de moraliser la France avec sa fortune qu’avec celle des autres, et c’est alors qu’il fonda les prix de vertu qui, plus que ses théories fiscales, ont immortalisé son nom.

  1. P. 379.
  2. P. 379.
  3. P. 377.