famille. Si l’impôt, au contraire, accable assez l’abstentionniste pour le chasser du célibat, comme dans le projet du commandant Mathis, je ne trouve plus de principe capable de le justifier. Ce n’est plus un impôt puisque le rêve de ses partisans est de le voir disparaître faute de contribuables, c’est une peine. Et quelle innovation redoutable dans nos codes si la loi consent à sanctionner la violation de pareils devoirs !
Faut-il croire aussi relever la moralité du mariage en le rendant presque obligatoire ? Ce serait plutôt ajouter quelques feuilles à la longue liste des divorces. J’imagine que s’il existe à Madagascar quelques vaudevillistes noirs ou blancs, ils ont dû tirer grand parti du jeune Malgache de 25 ans qui se hâte de choisir la compagne de son existence et court au mariage avec le même émoi que chez nous l’étudiant qui dépêche sa thèse vers la limite fatale de la 27e année. Et si de pareils faits se passaient en France il n’y aurait peut-être pas seulement lieu d’en rire.
Il ne faudrait pas oublier non plus que statisticiens et médecins[1] considèrent les célibataires comme un groupe où ne manquent pas les tarés et les suspects. Pourquoi pousser au mariage celui qui ne se sent assez d’énergie et de force de travail que pour lui seul, ou l’infirme, ou le candidat au crime ? Êtes-vous sûrs enfin qu’un homme placé entre ses intérêts, frappé par un impôt très lourd, et sa conscience, s’il se sait atteint d’une maladie grave et transmissible, la tuberculose par exemple, pour ne citer que celle-là, prendra toujours le parti de sa conscience ? Il faut prendre garde d’imposer à la société un remède qui puisse être parfois pire que le mal.
- ↑ Cf. Dr Toulouse, article précité.