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étoient des perſécutions, & moins encore par quel raiſonnement on pouvoit en venir à cette conséquence. Il eſt tout ſimple, me dit-il, qu’avec votre bonne foi, vous ne voyiez dans des applaudiſſemens que des applaudiſſemens ; vous ignorez combien mes ennemis ſont adroits & ardens pour me perdre. D’abord ils ont dit du mal de cet opéra, mais voyant le public obſtiné à s’y plaire, ils ont changé de bateries, ils ont dit que je l’avois volé ; alors vous sentez qu’il leur importoit de le louer pour groſſir d’autant plus le vol. Ils perſévèrent aujourd’hui dans le même eſprit.

On voit que non-seulement les ſoupçons ſe multiplient, que tout leur ſert d’aliment, juſqu’aux circonſtances qui en paroiſſent les plus éloignées ; mais on doit remarquer auſſi que les raiſonnemens ſur leſquels ils ſont appuyés, prennent un caractère de véritable folie ; c’est ce qui me reſte à prouver.

Depuis long-temps je m’appercevois d’un changement frappant dans ſon phyſique ; je le voyois ſouvent dans un état de convulſion qui rendoit ſon visage méconnoiſſable, & ſur-tout l’expreſſion de ſa figure réellement effrayante. Dans cet état, ſes regards ſembloient embraſſer la totalité de l’eſpace, &