Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 55 )

conſéquences. Le ſilence de Mme Rouſſeau ſuſſiroit ſeul pour me rendre circonſpect. J’ignorois donc ce qui se paſſoit, & je le craignois. Je rencontre un jour, à l’amphithéâtre de l’Opéra, un jeune chevalier de Malte, dont je ſuis au déſeſpoir d’avoir oublié le nom[1]. Il m’avoit donné de lui une excellente opinion, par le prix qu’il mettoit à ſe conſerver chez Rouſſeau. Il y venoit aſſez fréquemment, & ſouvent nous nous y rencontrions. En m’abordant, il me ſerre la main, me dit qu’il arrive d’Ermenonville, & me témoigne un grand deſir de m’entretenir particulièrement ; nous ſortons. Il m’apprend que la tête de Rouſſeau travaille, il ne m’étonne pas ; il m’ajoute qu’il lui avoit remis un papier écrit de ſa main pour le prier de lui trouver un aſile. Ce papier doit avoir ici ſa place ; c’eſt le même que celui imprimé déjà dans ce Journal, dans la feuille du 20 juillet 1778, époque de la mort de Rouſſeau. Ceux de mes lecteurs qui ne l’ont pas lu, & ſûrement ils ſont en grand nombre, me ſauront gré de le mettre ſous leurs yeux. Je dois faire remarquer qu’il eſt

  1. Un de ſes parens m’a rappelé depuis qu’il s’appeloit Flamanville, & qu’il avoit été officier dans les gardes françaiſes.