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d’une commune voix, que ledit ſieur Rouſſeau eſt mort d’une apoplexie ſéreuſe, ce qu’ils ont affirmé véritable.

Rouſſeau, Génevois & proteſtant, ne pouvoit partager la ſépulture des catholiques, il falloit des témoins & des témoins inſtruits du rite des proteſtans relativement à l’inhumation : mon beau-père, Génevois & proteſtant, fut appelé, je l’accompagnai.

En arrivant à Louvres, dernière poſle juſqu’à Ermenonville, le poſtillon fut demander les clefs des barrières des jardins. Le maître de poſte ſe préſenta à notre voiture, il s’appeloit Payen. Il nous dit qu’il préſumoit notre voyage occaſioné par le malheureux événement de la mort de Rouſſeau ; puis, il ajouta, d’un ton pénétré : Qui l’auroit cru que M. Rouſſeau se fût ainſi détruit lui-même ! Nos oreilles furent étonnées de cette nouvelle ; nous lui demandâmes de quel moyen il s’étoit ſervi ; d’un coup de piſtolet, nous dit-il. Nous ne doutions, ni l’un ni l’autre, que la mort n’eût été naturelle, mon cœur ſaigna, mais j’avoue que je n’en fus pas étonné.

Nous arrivons, nous fûmes reçus avec politeſſe. Nous fîmes part à M. Girardin de ce que nous avoit appris le maître de poſte