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on ne se perſuade pas ainſi une mort certaine. Les paroles gravées prouvent que Rouſſeau ne doutoit point de ſa mort. Le renvoi de madame Girardin, dont la ſenſibilité devoit être trop éprouvée par la cataſtrophe de la ſcène, atteſte de nouveau que Rouſſeau attendoit toujours ſa fin, mais une fin certaine & prochaine, ce qui ne peut, à ce qu’il me semble, s’accorder avec une apoplexie ſéreuſe. Tout me porte à croire que Rouſſeau s’eſt débarraſſé lui-même d’une vie qui lui étoit devenue inſupportable. Ajoutez les fantômes ennemis qui, pendant le cours de ſix semaines que dura ſon ſéjour, le tourmentoient jour & nuit ; fantômes qui naiſſoient tout naturellement du dérangement de ſon cerveau, mais auxquels les circonſtances de ſon départ précipité & viſiblement arrangé d’avance donnoient plus de réalité. Obſervez l’impatience & la volonté bien déterminées de ſortir de ce ſéjour, prouvées par la confidence faite au jeune chevalier de Malte, l’impoſſibilité d’en ſortir faute de moyens pécuniaires, faute d’un autre aſile, & ne voulant point ſe faire entourer de tous les habitans de la maiſon, qui s’y oppoſeroient, ni ſur-tout s’expoſer à répondre à tous leurs raiſonnemens avec la connoiſſance qu’i