Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 70 )

vous les ouvrages du plus profond & du plus éloquent des philoſophes, ils ſubſiſteront malgré votre critique, & ſe défendront eux-mêmes. Nous ne nous informons pas, pour régler notre opinion, comment les Mercures de la Grèce & de Rome traitoient les Socrate, les Démoſthène, les Cicéron & les Virgile, je deſire que la poſtérité puiſſe juger entre la lettre ſur les ſpectacles & la réponſe de M. Marmontel, dont vous faites tant de cas. Je ne vous tairai pas cependant que j’ai ri de bon cœur de l’embarras où vous paroiſſez être pour aſſigner un rang à Rouſſeau ; car encore falloit il, comme Soſie, qu’il fût quelque choſe. Vous vous êtes ſouvenu heureuſement de la diſtindion établie par le maître à écrire de M. Jourdain, que tout ce qui n’eſt point vers eſt de la proſe, & voilà, pour vous mettre hors de page, Rouſſeau au rang des bons proſateurs, & ce font des gens mûrs qui vous ont dit cela. Il faut être bien mûr en effet pour ne voir dans Rouſſeau que de la proſe.

Après nous avoir ainſi éclairé ſur les ouvrages de Rouſſeau, vous jugez ſa perſonne, & vous deſcendez dans ſa conſcience, à l’exemple de ces faiſeurs de romans, dont il parle lui-même, qui ſavent tout ce qui