Page:Corbière - Le Négrier.djvu/20

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vés de fortune, songeassent à nous donner une profession.

Les marins jurent sans cesse leurs grands Dieux, qu’ils aimeraient mieux étouffer leurs enfans au berceau que de les leur laisser prendre le métier auquel ils ont quelquefois eux-mêmes consacré si inutilement leur vie ; et tous finissent par pleurer de joie quand leurs fils embrassent la carrière dans laquelle ils ont laissé un souvenir. Mon père ne se dissimulait pas les inconvéniens d’une profession dont il n’avait retiré que des blessures, le scorbut, la fièvre jaune et une modique retraite ; mais un jeune homme ne lui paraissait venu au monde que pour servir la patrie. Il appelait ne