Page:Corbière - Le Négrier.djvu/314

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qu’il ferait biè d’me donnè la queroix de la relizion d’honneur pour c’taffaire-là, et j’la prins c’te queroix, que vos n’voyez ici qu’le ruban. »

Ces récits des hauts faits des capitaines que je voulais égaler, enflammaient mon émulation. Dieu ! que je souffrais, avec tant d’ambition dans le cœur, de n’être encore, parmi les marins, qu’un enfant inaperçu ! À terre, me disais-je, un jeune homme peut, sans beaucoup d’expérience ou du moins avec une expérience facile à acquérir, se distinguer en exposant vaillamment sa vie dans cinq à six batailles ; mais, à la mer, c’est peu que d’être le plus brave ; si l’on n’a pas vieilli sur les flots, si, à force de