Page:Corbière - Le Négrier.djvu/639

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m’occupait. Je vous laisse à penser quel fut mon bonheur lorsque, dans cet officier, dont on avait remarqué avec raison la ressemblance frappante avec moi, je reconnus mon frère ! Je n’essaierai pas ici de peindre la surprise que nous éprouvâmes à nous rencontrer si loin de notre pays et dans une telle conjoncture. Notre joie mutuelle ne fut troublée que par une circonstance pénible : au bras d’Auguste je vis un crêpe ; je lui demandai si c’était le deuil de son brave commandant qu’il portait ; des larmes, dont je tremblais de deviner la cause, furent sa réponse. Parle, m’écriai-je, est-ce ma mère que nous avons perdue ?

— Non, Léonard, me dit Auguste, mais nous n’avons plus de père… Je l’avoue ici, mais malgré la tendresse que