Page:Corbière - Le Négrier.djvu/642

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et côte à côte avec mon frère ! Qu’il était bien avec sa tournure vive, dégagée, son collet rouge brodé, et cet habit brillant qui prenait si élégamment sa taille svelte et élevée ! Tout le monde trouvait en nous une ressemblance étonnante ; mais une femme du bon ton ne s’y serait pas trompée, bien certainement. Auguste avait dans la figure quelque chose de doux et de réservé. Moi, j’avais dans le regard quelque chose de vague et d’audacieux, et, toujours libre dans mes vêtemens comme dans mes idées et mes actions, je ne portais jamais qu’une veste de nankin ou de basin, une cravate noire négligemment jetée sur mon cou et nouée sur ma poitrine. Un large chapeau de paille, tombant sur mes épaules, couvrait tout cela,