Page:Corbière - Le Négrier.djvu/673

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seule femme que j’eusse aimée. Ma main fébrile cherchait la sienne pour se reposer, et quand je croyais l’avoir saisie, je me trouvais plus tranquille ; alors je me figurais entendre, j’entendais même la voix de mon amie, cette voix si douce qui tant de fois avait porté le calme dans mon cœur et l’ivresse dans mes sens captivés… Comme ces illusions du délire allégeaient mes souffrances ! Je me rappelle encore combien, dans ces paroxysmes brûlans dont j’ai gardé le souvenir, comme on conserve l’impression d’un rêve, ces chimères de mon imagination me procuraient de soulagement jusque dans l’excès des douleurs les plus poignantes.

Une nuit, vers l’heure où l’approche du matin rend l’air moins suffocant