Page:Corbière - Le Négrier.djvu/699

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c’est peut-être ainsi que je pourrai te conserver, et jouir encore de la satisfaction de te revoir content. Voîs-tu ce bâtiment qui va t’emporter loin de moi ? Eh bien ! je veux moi-même orner la chambre que tu dois occuper à bord : je la remplirai de mon souvenir ; partout tu y retrouveras la trace de mes mains et des gages de ma tendresse ; et si jamais la mort t’enlevait à mon amour dans une tempête ou dans un combat, que ta dernière pensée soit à Dieu, et ton avant-dernière pensée à ta compagne la plus fidèle. »

Rosalie, jusqu’au départ de mon navire, ne quitta plus ma chambre de bord. Ses soins prévoyans allèrent jusqu’à la meubler de tout ce qui pourrait m’être le plus agréable à la mer. Elle