Page:Corbière - Le Négrier.djvu/793

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de jours, sur le pont brûlant de mon navire.

Auprès de moi, sur le gaillard d’arrière, étaient venus tomber et expirer, sans murmurer une seule plainte, la plupart de mes matelots. Leurs cadavres putréfiés étaient restés à la place même où ces malheureux s’étaient traînés pour chercher un refuge contre la fureur des esclaves ; mais toutes les fois que les noirs avaient voulu s’emparer de leurs corps pour les lacérer ou les dévorer, mes chiens, plus enragés encore que les nègres, avaient fait reculer les cannibales épouvantés. Pitre, moins malade que moi, essaie de porter sa main mourante sur la barre, pour remettre le navire en route ; mais la fièvre redoublant avec les efforts qu’il veut faire, le replonge dans