Page:Corbière - Le Négrier.djvu/886

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mes hommes se tenaient attachés immobiles et avides sur le brick, qu’ils s’attendaient à voir sauter. Déjà ils accusaient la lenteur de l’explosion sur laquelle ils comptaient. Une ombre se dessine au même moment sur le fond de l’horizon qu’embrase l’incendie que nous laissons derrière nous : cette ombre est celle de la haute voilure du brick qui nous a chassés, et qui, poussé par la brise, est parvenu à passer entre le brick en feu et notre navire. Il défile silencieusement, et ses voiles, après nous avoir masqué un instant la rouge clarté du brasier qui s’élève au sein des flots, vont se perdre dans l’obscurité par notre côté de bâbord.

— Il va revenir sur nous, il va revenir sur nous, répètent tous mes hommes.