Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/101

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N’apparais pas, mon vieux, triste et faux déterré…
Fais le mort si tu peux… Car Elle t’a pleuré !

— Est-ce qu’il pouvait, Lui !… n’était-il pas poète…
Immortel comme un autre ?… Et dans sa pauvre tête
Déménagée, encor il sentait que les vers
Hexamètres faisaient les cent pas de travers.

— Manque de savoir-vivre extrême — il survivait —
Et — manque de savoir-mourir — il écrivait :

« C’est un être passé de cent lunes, ma Chère,
En ton cœur poétique, à l’état légendaire.
Je rime, donc je vis… ne crains pas, c’est à blanc.
— Une coquille d’huître en rupture de banc ! —
Oui, j’ai beau me palper : c’est moi ! — Dernière faute —
En route pour les cieux — car ma niche est si haute ! —
Je me suis demandé, prêt à prendre l’essor :
Tête ou pile… — Et voilà — je me demande encor… »

« C’est à toi que je fis mes adieux à la vie,
À toi qui me pleuras, jusqu’à me faire envie
De rester me pleurer avec toi. Maintenant
C’est joué, je ne suis qu’un gâteux revenant,