À terre — oiseaux palmés — ils sont gauches et veûles.
Ils sont mal culottés comme leurs brûle-gueules.
Quand le roulis leur manque… ils se sentent rouler :
— À terre, on a beau boire, on ne peut désoûler !
— On ne les connaît pas. — Eux : que leur fait la terre ?…
Une relâche, avec l’hôpital militaire,
Des filles, la prison, des horions, du vin…
Le reste : Eh bien, après ? — Est-ce que c’est marin ?…
— Eux ils sont matelots. — À travers les tortures,
Les luttes, les dangers, les larges aventures,
Leur face-à-coups-de-hache a pris un tic nerveux
D’insouciant dédain pour ce qui n’est pas Eux…
C’est qu’ils se sentent bien, ces chiens ! Ce sont des mâles !
— Eux : l’Océan ! — et vous : les plates-bandes sales ;
Vous êtes des terriens, en un mot, des troupiers :
— De la terre de pipe et de la sueur de pieds ! —
Eux sont les vieux-de-cale et les frères-la-côte,
Gens au cœur sur la main, et toujours la main haute ;
Des natures en barre ! — Et capables de tout…
— Faites-en donc autant !… — Ils sont de mauvais goût…
— Peut-être… Ils ont chez vous des amours tolérées
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