gens méticuleux, qui pesaient les diphtongues au trébuchet : nous en avons vu bien d’autres depuis Corbière, et il serait peut-être excessif de continuer à lui faire grief d’une liberté que tout le monde s’arroge aujourd’hui.
Car c’est à quoi se réduit son prétendu manque de métier[1]. Les quelques élisions qu’on rencontre dans son œuvre (sans voir s’elle était blonde), les suppressions de pronoms (vais m’en aller, fut quelqu’un ou quelque chose), même les accrocs à la règle de l’alternance des rimes ne peuvent décemment lui être imputés pour des négligences et sont parfaitement prémédités. Corbière rompait là, délibérément, avec la prosodie romantique pour en adopter une autre, plus proche de sa nature, plus répondante à ses secrets instincts, et qui était la prosodie même des chansons populaires. Il est tout imprégné de cette poésie primitive, rondes, berceuses et complaintes, qui, à chaque instant, comme une bulle légère, remonte à la surface de son inspiration. Et cela encore, en 1873, était une nou-
- ↑ (1) Voir à l’Appendice les variantes de certaines pièces. Preuve que cet impulsif ne rimait pas toujours au hasard.