Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1926.djvu/31

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Reprends dans leur chemise blanche
Les petits qui sont en langueur ;
Rappelle à l’éternel Dimanche
Les vieux qui traînent en longueur…

Prends pitié de la fille-mère,
Du petit au bord du chemin :
Si quelqu’un leur jette la pierre,
Que la pierre se change en pain !…

Merveilleuses litanies ! Et que Verlaine avait raison d’évoquer le souvenir de Villon à propos de stances comme celles-là, qui n’ont d’analogue, dans notre littérature, que certaines octaves du Grand Testament ! Corbière ne s’est jamais élevé plus haut, même dans ses pièces maritimes. Et c’est ici qu’on commence d’apercevoir ce qu’avait de trop général la critique d’un Huysmans, déniant à l’auteur toute « capacité de réalisation » et ne lui accordant que des sursauts ou, comme M. de Gourmont dira, des à-coups de génie. Acceptable pour une partie de l’œuvre de Corbière, ce verdict ne l’est plus pour l’ensemble : Corbière s’est « réalisé » au moins une fois dans la Rapsode foraine et, quand il n’eût écrit que ce poème (le plus important des Amours Jaunes, remarquez-le), il mériterait encore de survivre. Mais il en a écrit d’autres qui le valent