Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1926.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bière que nous retiendrons, c’est surtout le Corbière d’Armor et de Gens de mer, le poète inégal encore, mais puissant et savoureux, sincère jusqu’à la brutalité et soudain d’une infinie tendresse, comme ce canon désaffecté de son Vieux Roscoff dans la gueule duquel s’était logée une candide touffe de jonc marin. Il ne serait pas difficile de montrer que ce Corbière-là n’a pas eu moins d’influence que l’autre sur les directions de la poésie contemporaine et que le Richepin de la Chanson des Gueux et de la Mer, par exemple, lui est aussi redevable que le Verlaine de Jadis et Naguère, d’Amour et de Parallèlement au poète de Raccrocs et des Rondels pour après. S’il est vrai, comme le croyait Jules Tellier, que les choses imparfaites procèdent dans l’absolu des choses parfaites et n’en sont qu’un reflet, il est vrai aussi que l’historien des lettres, habitant du relatif, courrait certains risques à trop vouloir négliger les misérables contingences de la chronologie terrestre. Peut-être que le principal mérite des Amours Jaunes est d’avoir paru en 1873, dix ans avant la révolution symboliste et trois ans avant la Chanson des Gueux. Encore y aurait-il une injustice véritable à