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Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/102

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suite des siècles refaire un tout avec vous, si les molécules de votre amant dissous avaient à s’agiter, à s’émouvoir et à chercher les vôtres éparses dans la nature ! Laissez-moi cette chimère, elle m’est douce, elle m’assurerait l’éternité en vous et avec vous. »

Et pourtant ce n’est pas dans ses lettres à Sophie Volland qu’il exprime le plus fortement sa tendresse. Ce n’est point à l’aimée qu’on dit le mieux qu’on l’aime. Il peindra sa passion avec plus de fougue encore dans une lettre à son ami Falconet, écrite en 1767. Il connaît Sophie depuis onze ans. Certes, la sorte d’emphase sentimentale qui marquera la Révolution, l’Empire et l’âge romantique est déjà de mode. Déjà on verse des torrents de larmes, on devient fou de passion, on meurt de joie, avec une étonnante facilité. Et Diderot a pris vite le ton, lui qui est extrême en tout, qui se grise de sa pensée à mesure qu’il écrit ou qu’il parle, lui qui tend sans cesse à se dépasser, qui s’escalade, qui se fait la