Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/22

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prend place, reçoit ses récompenses et rentre chargé de livres et de couronnes. Seulement, le dimanche suivant, jour de grande toilette, on s’aperçut qu’il avait une plaie au flanc. Il n’en avait pas soufflé mot.

Patiemment, Denis Diderot parvint à échanger avec ses voisines de ces menus services qu’on se rendait alors de porte à porte : on se prêtait de l’eau, du feu, de la lumière. Comme elles évitaient de sortir le soir, il s’offrit même à faire pour elles de petites courses dans le quartier. Mais là se bornaient ses progrès. Elles continuaient de le tenir à distance, de lui fermer l’intimité de leur logis.

Aussi l’impétueux Denis ne rêvait plus que d’y pénétrer. C’est alors qu’il recourut à un stratagème. Déjà il en avait usé avec succès. Voici comment. Un carme déchaussé, le frère Ange, originaire de Langres, recrutait pour son couvent des jeunes gens bien nés, mais prodigues. Ainsi se flattait-il de les réconcilier avec leur famille et de jeter du lustre sur sa maison. Travaillé par lui, Denis Diderot feignit d’être conquis, tout prêt à entrer au couvent. Mais il imagina de grands embarras, dont il se laissait