Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/33

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pion chapitra sa fille. Quoi ? Épouser cette tête chaude, ce garçon débraillé qui n’avait pour ainsi dire pas de métier ? Quelle folie ! Sans doute il lui avait tourné la cervelle, avec de belles paroles. Ah ! certes, il était grand parleur. Mais il en était de son éloquence comme de ces pièces d’artifice qui jaillissent en cascades dorées et dont il ne reste rien, la mèche éteinte et la nuit retombée.

Mère vigilante, elle mettait Nanette en garde contre cette prestigieuse parole avec d’autant plus de force qu’elle en subissait elle-même la séduction. Au fond, elle était conquise. Sa résistance dura peu. Elle se rallia vite au parti des amoureux. Seulement tous trois tombèrent d’accord que le jeune homme partirait pour Langres afin d’en rapporter ses papiers et surtout le consentement de ses parents.

Or, Didier Diderot, père de Denis, restait, après douze ans, fidèle à ses vues : « Prenez un état, ou revenez avec nous. » Il espérait toujours que l’enfant prodigue rentrerait au bercail. Même, il mûrissait pour lui un projet de mariage dans sa ville natale. Lorsqu’il apprit que son fils, non seulement n’avait pas pris d’état, mais encore se proposait d’épouser une