Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/56

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Sa liaison avec Mme de Puisieux s’était fort relâchée. Bon gré mal gré, il s’était aperçu que la dame appréciait plus ses talents que sa personne. La jalousie n’aurait pas dû le tourmenter à l’extrême. Mais cet homme ne savait pas s’arrêter à mi-côte d’un sentiment : il lui fallait toujours atteindre le sommet. Aussi résolut-il de connaître la vérité, impatient de la découvrir, il ne tenait pas en place. La nuit le surprit dans le parc où il se démenait. Alors, à trente-six ans, il eut un geste d’écolier : il sauta le mur.

Il courut à Champigny, vit naturellement sa maîtresse au bras de son rival, repassa le mur et, pour ne pas éveiller l’attention de ses gardiens, acheva la nuit dans le parc. Il avoua d’ailleurs son équipée, dès le lendemain matin, au gouverneur, le marquis du Châtelet. Mais cette aventure et cette veillée achevèrent de le refroidir quant à la dame de lettres. Ainsi perdit-elle en lui un guide précieux en tous points. Lorsqu’il sortit de prison, Diderot était également délivré de Mme de Puisieux. Il avait recouvré toute sa liberté.