Page:Cormon et Crémieux - Robinson Crusoé, 1867.djvu/19

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encore pour m’établir ? Vendre sa petite ferme de Saint-Patrick, la seule qui lui reste.

TOBY.

Brave homme !

ROBINSON.

Mais je ne le souffrirai pas, et, au lieu de lui voir amoindrir son patrimoine, je veux l’agrandir, je veux lui assurer une riche existence, ainsi qu’à ma bonne mère et à ma chère Edwige. Voilà, mon bon Toby, voilà pourquoi je pars !

TOBY.

Mon ami, compte sur moi, à la vie, à la mort ! On est homme, on a une volonté… et quand une fois j’ai dit : Je pars !…

ROBINSON.

C’est bien ! va faire tes préparatifs et ce soir…

TOBY.

Ce soir… au diable la boutique et les jambons de papa !… ce soir, nous nous lançons sur l’onde amère !

ROBINSON.

Surtout du silence.

Il sort par le fond.

TOBY.

Sois donc tranquille ! (Il va pour sortir mais Suzanne qui a paru à la porte de gauche pendant les derniers mots, s’avance et se place tout à coup devant lui.) Suzanne !


Scène V

SUZANNE, TOBY.
SUZANNE.

Alors, mon cher monsieur Toby, vous cachiez votre jeu et le petit boutiquier n’était autre qu’un grand navigateur… en herbe !

TOBY, à part.

Elle nous écoutait.

SUZANNE.

Et vous partez faire le tour du monde comme on va visiter York ou Yarmouth ?

TOBY.

O mon Dieu, oui, ce n’est pas plus malin.