Aller au contenu

Page:Cormon et Crémieux - Robinson Crusoé, 1867.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

armes, et en même temps par tes ennemis… entre deux morts, laquelle choisirais-tu donc ?

VENDREDI, réfléchissant.

Entre deux morts !… choisirais la vie et m’enfuirais vite… vite… vite !…

ROBINSON.

Et s’il s’agissait, un jour, de sauver un de tes semblables ?… de me défendre, moi, ton maître !

VENDREDI.

Pour sauver le maître !… Vendredi serait brave !… Plus peur de rien !

ROBINSON.

À la bonne heure !

VENDREDI, à mi-voix.

Excepté des tonnerres, parce que les tonnerres… plus fort que moi !…

ROBINSON, riant.

Allons, tu es un petit poltron ! (Se levant, et voyant le jour qui baisse peu à peu). Mais voici le soir, le soleil se cache derrière la colline.

VENDREDI.

Oui, et Vendredi n’est pas content le maître devient triste quand le soleil disparaît.

ROBINSON.

C’est à l’heure où le jour tombait que j’ai quitté la patrie… la famille…

VENDREDI.

Et la belle jeune fille aussi, celle dont le maître parle toujours.

ROBINSON.

Edwige !… ma chère Edwige !…

VENDREDI.

Joli nom… bien doux… Edwige !

ROBINSON.

Son image est là… vivante dans mon cœur !… Je te vois… Je t’appelle… ô mon amie ! et mes cris ne vont jusqu’à toi !… Les tiens, hélas ! ne m’ont pas retenu !… J’étais fou quand je me suis arraché de tes bras !

Il tombe accablé.