Page:Cornély - Un roman, paru dans Le Gaulois, 30 mai 1893.djvu/3

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais il suffirait que quelques feuillets de prose, que quelques pages de vers eussent échappé au désastre pour que nous pussions reconstituer le portrait moral des ancêtres évanouis.

Nous ne pourrions pas dire : voilà ce qu’ils mangeaient, voilà comment ils s’habillaient ; mais nous pourrions dire : voilà ce qu’ils lisaient, donc, voilà ce qu’ils pensaient.

Plus tard, qui sait ? de nouveaux barbares viendront. Ils ne sortiront pas des profondeurs du Nord ni des immensités de l’Asie ; ils seront autochthones. Ils naîtront sur place, dans la pourriture des civilisations décomposées. Ils seront peut-être fils de l’enseignement gratuit, laïque et obligatoire. Ils sauront tous lire et traiteront néanmoins le livre aussi mal que le traitèrent les Goths d’Alaric et les soldats d’Omar.