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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

tière, s’asseoir et faire des bouquets, parfois même danser autour des tombes vertes. « Elles y portaient, dit-elle, leurs paniers d’école pleins de fruits, de pains d’alouette, d’herbes fines mêlées au beurre et au laitage choisi des jours de fête. On dressait l’innocent banquet sur une haute tombe. » Ailleurs les billes et les osselets retentissaient sur une dalle funéraire, ou bien la bande joyeuse prenait d’assaut la margelle croulante d’un vieux puits abandonné. Dans ce séjour de la mort, un seul objet glaçait parfois le sourire sur les lèvres de Marceline, quand ses regards s’arrêtaient sur lui : c’était, contre un des piliers de la vieille église, une grande figure de pierre, d’un travail rude, mais plein d’expression, qui représentait le Christ, les mains liées par des cordes, le Christ flagellé et couronné d’épines.

Je me suis bien attardé dans cette reproduction des lieux que Marceline a connus, fréquentés dans dans son enfance, et aimés, jusqu’à la fin, de toute son âme. Du moins cette photographie du vieux Douai, que j’ai cherché à faire aussi fidèle que possible, va nous aider, je l’espère, à bien saisir les différents traits tout empreints de couleur locale et de souvenirs d’enfance, dont abondent les poésies de madame Desbordes-Valmore. J’ai hâte maintenant de la laisser parler elle-même :

Écoutons-la raconter avec une naïveté charmante