Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/173

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pour les pièces de machines, qui ne touche point au sujet, et n’est qu’une louange adroite du prince devant qui ces poèmes doivent être représentés. Dans l’Andromède, Melpomène emprunte au soleil ses rayons pour éclairer son théâtre en faveur du Roi, pour qui elle a préparé un spectacle magnifique. Le prologue de la Toison d’or, sur le mariage de Sa Majesté et la paix avec l’Espagne, a quelque chose encore de plus éclatant. Ces prologues doivent avoir beaucoup d’invention ; et je ne pense pas qu’on y puisse raisonnablement introduire que des Dieux imaginaires de l’antiquité, qui ne laissent pas toutefois de parler des choses de notre temps, par une fiction poétique, qui fait un grand accommodement de théâtre.

L’épisode, selon Aristote, en cet endroit, sont nos trois actes du milieu ; mais comme il applique ce nom ailleurs aux actions qui sont hors de la principale, et qui lui servent d’un ornement dont elle se pourrait passer, je dirai que bien que ces trois actes s’appellent épisode, ce n’est pas à dire qu’ils ne soient composés que d’épisodes. La consultation d’Auguste au second de Cinna, les remords de cet ingrat, ce qu’il en découvre à Emilie, et l’effort que fait Maxime pour persuader à cet objet de son amour caché de s’enfuir avec lui, ne sont que des épisodes ; mais l’avis que fait donner Maxime par Euphorbe à l’Empereur, les irrésolutions de ce prince, et les conseils de Livie, sont de l’action principale ; et dans Héraclius, ces trois actes ont plus d’action principale que d’épisodes. Ces épisodes sont de deux sortes, et peuvent être composés des actions particulières des principaux acteurs, dont toutefois l’action principale pourrait se passer, ou des intérêts des seconds amants qu’on introduit, et qu’on appelle communément des personnages