Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

intérieurs pour entreprendre un inceste que pour se résoudre à un adultère ; ses remords en auraient été plus animés, et ses désespoirs plus violents. L’auteur a renoncé à tous ces avantages pour avoir dédaigné de traiter ce sujet comme l’a traité de notre temps le P. Stéphonius, jésuite, et comme nos anciens ont traité celui d’Hippolyte ; et pour avoir cru l’élever d’un étage plus haut selon la pensée d’Aristote, je ne sais s’il ne l’a point fait tomber au-dessous de ceux que je viens de nommer.

Il y a grande apparence que ce qu’a dit ce philosophe de ces divers degrés de perfection pour la tragédie avait une entière justesse de son temps, et en la présence de ses compatriotes ; je n’en veux point douter ; mais aussi je ne puis empêcher de dire que le goût de notre siècle n’est point celui du sien sur cette préférence d’une espèce à l’autre, ou du moins que ce qui plaisait au dernier point à ses Athéniens ne plaît pas également à nos Français ; et je ne sais point d’autre moyen de trouver mes doutes supportables, et demeurer tout ensemble dans la vénération que nous devons à tout ce qu’il a écrit de la poétique.

Avant que de quitter cette matière, examinons son sentiment sur deux questions touchant ces sujets entre des personnes proches : l’une, si le poète les peut inventer ; l’autre, s’il ne peut rien changer en ceux qu’il tire de l’histoire ou de la fable.