Votre charmant aspect suspendant mes douleurs[1],
Mon visage du vôtre emprunte les couleurs.
Faites mieux : pour finir vos maux et votre flamme,
Empruntez tout d’un temps les froideurs de mon âme.
Vous voyant, les froideurs perdent tout leur pouvoir,
Et vous n’en conservez que faute de vous voir[2].
Et quoi ! tous les miroirs ont-ils de fausses glaces ?
Penseriez-vous y voir la moindre de vos grâces ?
De si frêles sujets ne sauroient exprimer
Ce que l’amour aux cœurs peut lui seul imprimer[3],
Et quand vous en voudrez croire leur impuissance,
Cette légère idée et foible connoissance[4]
Que vous aurez par eux de tant de raretés
Vous mettra hors du pair de toutes les beautés[5].
Voilà trop vous tenir dans une complaisance
Que vous dussiez quitter, du moins en ma présence,
Et ne démentir pas le rapport de vos yeux.
Afin d’avoir sujet de m’entreprendre mieux.
Ne m’a que trop appris le pouvoir de vos charmes.
Sur peine d’être ingrate, il faut de votre part
Reconnoître les dons que le ciel vous départ.
- ↑ Var. Votre divin aspect suspendant mes douleurs. (1633-60)
- ↑ Var. Et vous n’en conservez qu’à faute de vous voir. (1633-44 et 52-57)
- ↑ Var. Ce qu’Amour dans les cœurs peut lui seul imprimer. (1633-63)
- ↑ Var. Encor cette légère et foible connoissance. (1633-60)
- ↑ Var. Vous mettra hors de pair de toutes les beautés. (1657 et 60)