C’est sans difficulté, m’y voyant exprimée.
Quitte ce vain orgueil dont ta vue est charmée.
Tu n’y vois que mon cœur, qui n’a plus un seul trait
Que ceux qu’il a reçus de ton charmant portrait[1],
Et qui tout aussitôt que tu t’es fait paroître[2],
Afin de te mieux voir s’est mis à la fenêtre.
Le trait n’est pas mauvais ; mais puisqu’il te plaît tant[3],
Regarde dans mes yeux, ils t’en montrent autant,
Et nos feux tous pareils ont mêmes étincelles[4].
Ainsi, chère Cloris, nos ardeurs mutuelles,
Dedans cette union prenant un même cours,
Nous préparent un heur qui durera toujours.
Cependant, en faveur de ma longue souffrance[5]…
Tais-toi, mon frère vient.
- ↑ Var. Que ceux qu’il a reçus de ton divin portrait. (1633-60)
- ↑ Var. Et qui tout aussitôt que tu te fais paroître,
Afin de te mieux voir se met à la fenêtre. (1648) - ↑ Var. Dois-je prendre ceci pour de l’argent comptant ?
Oui, Philandre, et mes yeux t’en vont montrer autant. (1633-57) - ↑ Var. Nos brasiers tous pareils ont mêmes étincelles. (1633-64)
- ↑ Var. Cependant un baiser accordé par avance
Soulageroit beaucoup ma pénible souffrance.
clor. Prends-le sans demander, poltron, pour un baiser (a)
Crois-tu que ta Cloris te voulût refuser ?
SCÈNE V.
TIRSIS, PHILANDRE, CLORIS.
tirs. (b) Voilà traiter l’amour justement bouche à bouche ;
C’est par où vous alliez commencer l’escarmouche ?
Encore n’est-ce pas trop mal passé son temps.
[phil. Que t’en semble, Tirsis ? (1633-57)
(a). Le pourrai-je obtenir ? clor. Pour si peu qu’un baiser. (1644-57)
(b). Eu marge, dans l’édition de 1633 : Il les surprend sur ce baiser.