Vos mépris ne sont pas de grande conséquence,
Et ne vaudront jamais la peine que j’y pense ;
Sachant qu’il vous voyoit, je m’étois bien douté
Que je ne serois plus que fort mal écouté.
Sans que mes actions de plus près j’examine,
À la meilleure humeur je fais meilleure mine,
Et s’il m’osoit tenir de semblables discours,
Nous romprions ensemble avant qu’il fût deux jours.
Il changera bientôt d’humeur et de langage[1].
Caressé maintenant aussitôt qu’aperçu,
Qu’auroit-il à se plaindre, étant si bien reçu ?
Éraste, voyez-vous, trêve de jalousie ;
Purgez votre cerveau de cette frénésie ;
Laissez en liberté mes inclinations.
Qui vous a fait censeur de mes affections ?
Est-ce à votre chagrin que j’en dois rendre conte[2] ?
Non, mais j’ai malgré moi pour vous un peu de honte
De ce qu’on dit partout du trop de privauté[3]
Que déjà vous souffrez à sa témérité.
Ne soyez en souci que de ce qui vous touche.
Le moyen, sans regret, de vous voir si farouche
- ↑ Var. Il ne tardera guère à changer de langage. (1633-57)
- ↑ Var. Vraiment, c’est bien à vous que j’en dois rendre conte (a).
ér. Aussi j’ai seulement pour vous un peu de honte. (1633-57)
(a). Voyez la note relative à la première variante de la page 150. - ↑ Var. Qu’on murmure partout du trop de privauté. (1633-60)