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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/309

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ACTE II, SCÈNE VIII.

Scène VIII[1].

TIRCIS, MÉLITE.
MÉLITE.

Eli bien ! qu’avez-vous fait de votre compagnie ?

TIRCIS.

680Je ne puis rien juger de ce qui l’a bannie[2] :
À peine ai-je eu loisir de lui dire deux mots,
Qu’aussitôt le fantasque, en me tournant le dos.
S’est échappé de moi.

MÉLITE.

S’est échappé de moi.Sans doute il m’aura vue,
Et c’est de là que vient cette fuite imprévue[3].

TIRCIS.

685Vous aimant comme il fait, qui l’eût jamais pensé ?

MÉLITE.

Vous ne savez donc rien de ce qui s’est passé ?

TIRCIS.

J’aimerois beaucoup mieux savoir ce qui se passe.
Et la part qu’a Tircis en votre bonne grâce.

MÉLITE.

Meilleure aucunement qu’Éraste ne voudroit.
690Je n’ai jamais connu d’amant si maladroit ;
Il ne sauroit souffrir qu’autre que lui m’approche.
Dieux ! qu’à votre sujet il m’a fait de reproche !
Vous ne sauriez me voir sans le désobliger.

TIRCIS.

Et de tous mes soucis c’est là le plus léger.
695Toute une légion de rivaux de sa sorte 695

  1. Dans les éditions antérieures à 1660, cette scène et la précédente n’en forment qu’une.
  2. Dans certains exemplaires de l’édition de 1633, notamment dans celui de la Bibliothèque Impériale qui est marqué Y5801, ce vers est dit par Mélite et non par Tircis, dont le couplet ne commence qu’au vers suivant.
  3. Var. Et c’est de là que vient cette fuite impourvue. (1633)