N’a que le beau semblant d’une mine hypocrite.
Je ne crains rien de tel du côté de Mélite[1].
J’en ai vu qui sembloient n’être que des glaçons,
Dont le feu, retenu par une adroite feinte[2],
S’allumoit d’autant plus qu’il souffroit de contrainté,
J’en ai vu, mais beaucoup, qui sous le faux appas
Des preuves d’un amour qui ne les touchoit pas,
Prenoient du passe-temps d’une folle jeunesse
Qui se laisse affiner, à[3] ces traits de souplesse,
Et pratiquoient sous main d’autres affections ;
Mais j’en ai vu fort peu de qui les passions
Fussent d’intelligence avec tout le visage[4].
Et de ce petit nombre est celle qui m’engage :
De sa possession je me tiens aussi seur[5]
Que tu te peux tenir de celle de ma sœur.
Donc, si ton espérance à la fin n’est déçue[6],
Ces deux amours auront une pareille issue.
Si cela n’arrivoit, je me tromperois fort.
- ↑ Var. Je ne crains pas cela du côté de Mélite. (1633-57)
- ↑ Var. Dont le feu, gourmandé par une adroite feinte. (1633)
- ↑ Qui se laisse prendre à… tromper par…
- ↑ Var. Fussent d’intelligence avecque le visage. (1633-60)
- ↑ Peut-être cette prononciation était-elle en usage lorsque la pièce fut représentée pour la première fois, mais elle était certainement abandonnée lorsque Corneille publiait les dernières éditions de son théâtre. Voyez le Lexique.
- ↑ Var. Doncques, si ta raison ne se trouve déçue. (1633-57)