Courage ! tout va bien, le traître m’a fait place ;
Le seul qui me rendoit son courage de glace,
D’un favorable coup la mort me l’a ravi.
Monsieur, ce n’est pas tout, Mélite l’a suivi.
Mélite l’a suivi ! que dis-tu, misérable ?
Monsieur, il est trop vrai : le moment déplorable[1]
Qu’elle a su son trépas a terminé ses jours.
Ah ciel ! s’il est ainsi…
Et vantez-vous plutôt que par votre imposture
Ces malheureux amants trouvent la sépulture[2],
Et que votre artifice a mis dans le tombeau
Ce que le monde avoit de parfait et de beau.
Tu m’oses donc flatter, infâme, et tu supprimes[3]
Par ce reproche obscur la moitié de mes crimes ?
Est-ce ainsi qu’il te faut n’en parler qu’à demi ?
Achève tout d’un coup : dis que maîtresse, ami[4],
Tout ce que je chéris, tout ce qui dans mon âme
Sut jamais allumer une pudique flamme,
Tout ce que l’amitié me rendit précieux,
Par ma fourbe a perdu la lumière des cieux[5] ;
- ↑ Var. Monsieur, il est tout vrai : le moment déplorable. (1633-60)
- ↑ Var. Ce pair d’amants sans pair est sous la sépulture. (1633-57)
Var. Ces malheureux amants treuvent la sépulture. (1660) - ↑ Var. Tu m’oses donc flatter, et ta sottise estime
M’obliger en taisant la moitié de mon crime ? (1633-57) - ↑ Var. Achève tout d’un trait : dis que maîtresse, ami. (1633-57)
- ↑ Var. Par ma fraude a perdu la lumière des cieux. (1633-57)