Beaux yeux, à mon transport pardonnez ce blasphème,
La bouche est impuissante où l’amour est extrême :
Quand l’espoir est permis, elle a droit de parler ;
Mais vous allez plus loin qu’elle ne peut aller.
Ne vous lassez donc point d’en usurper l’usage,
Et quoi qu’elle m’ait dit, dites-moi davantage.
Mais tu ne me dis mot, ma vie ; et quels soucis
T’obligent à te taire auprès de ton Tircis ?
Tu parles à mes yeux, et mes yeux te répondent.
Ah ! mon heur, il est vrai, si tes désirs secondent
Cet amour qui paroît et brille dans tes yeux,
Je n’ai rien désormais à demander aux Dieux.
Suivent l’instruction des mouvements de l’âme.
On en a vu l’effet, lorsque ta fausse mort
A fait sur tous mes sens un véritable effort[1] ;
On en a vu l’effet, quand te sachant en vie,
De revivre avec toi j’ai pris aussi l’envie[2] ;
On en a vu l’effet, lorsqu’à force de pleurs
Mon amour et mes soins, aidés de mes douleurs,
Ont fléchi la rigueur d’une mère obstinée,
Et gagné cet aveu qui fait notre hyménée[3].
Si bien qu’à ton retour ta chaste affection
Ne trouve plus d’obstacle à sa prétention[4].
- ↑ Var. Fit dessus tous mes sens un véritable effort. (1633-57)
- ↑ Var. De revivre avec toi je pris aussi l’envie. (1633-57)
- ↑ Var. Lui faisant consentir notre heureux hyménée. (1633-57)
- ↑ Var. Nous trouve toutes deux à sa dévotion ;
Et cependant l’abord (a) des lettres d’un faussaire. (1633-57)
Var. Ne trouve plus d’obstacle à ta prétention ;
Et le premier aspect des lettres d’un faussaire. (1660)
(a). L’édition de 1657 donne, par erreur, d’abord pour l’abord.