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MÉLITE.
Que ces frivoles soins te viennent divertir :
Tous nos pensers sont dus, en l’état où nous sommes[1],
À ce nœud qui me rend le plus heureux des hommes,
Et ma fidélité, qu’il va récompenser…
LA NOURRICE[2].
Votre rival vous cherche, et la main à l’épée
Vient demander raison de sa place usurpée.
ÉRASTE, à Mélite.
Non, non, vous ne voyez en moi qu’un criminel,
À qui l’âpre rigueur d’un remords éternel
Rend le jour odieux, et fait naître l’envie
De sortir de sa gêne en sortant de la vie[3].
- ↑ Var. Tous nos pensers sont dus à ces chastes délices
Dont le ciel se prépare à borner nos supplices :
Le terme en est si proche, il n’attend que la nuit.
Vois qu’en noire faveur déjà le jour s’enfuit,
Que déjà le soleil, en cédant à la brune,
Dérobe tant qu’il peut sa lumière importune,
Et que pour lui donner mêmes contentements
Thétis court au-devant de ses embrassements,
la nourr. Vois toi-même un rival qui, la main à l’épée,
Vient quereller sa place à faux titre occupée,
Et ne peut endurer qu’on enlève son bien,
Sans l’acheter au prix de son sang ou du tien’
mél. Retirons-nous, mon cœur. tirs. Es-tu lassé de vivre ?
clor. Mon frère, arrêtez-vous, tirs. Voici qui t’en délivre :
Parle, tu n’as qu’à dire. éraste, à Mélite. Un pauvre criminel,
[À qui l’âpre rigueur d’un remords éternel.] (1633-57) - ↑ Var. la nourrice, montrant Éraste. (1644-57)
- ↑ Var. De sortir de torture en sortant de la vie,
Vous apporte aujourd’hui sa tête à l’abandon,
Souhaitant le trépas à l’égal du pardon.
Tenez donc, vengez-vous de ce traître adversaire,
Vengez-vous de celui dont la plume faussaire
Désunit d’un seul trait Mélite de Tirsis,
Cloris d’avec Philandre. mélite, à Tirsis. À ce compte, éclaircis
Du principal sujet qui nous mettoit en doute,
Qu’es-tu d’avis, mon cœur, de lui répondre ? (1633-57)