Mélite répondra de ma persévérance :
Je n’ai pu la quitter qu’en perdant l’espérance ;
Encore avez-vous vu mon amour irrité
Mettre tout en usage en cette extrémité ;
Et c’est avec raison que ma flamme contrainte
De réduire ses feux dans une amitié sainte,
Mes amoureux désirs, vers elle superflus[1],
Tournent vers la beauté qu’elle chérit le plus.
Que t’en semble, ma sœur ?
Mais toi-même, mon frère ?
Tu sais bien que jamais je ne te fus contraire.
Tu sais qu’en tel sujet ce fut toujours de toi
Que mon affection voulut prendre la loi.
[2],
Tu veux qu’auparavant les miens les autorisent.
Parlons donc pour la forme. Oui, ma sœur, j’y consens[3],
Bien sur que mon avis s’accommode à ton sens.
Fassent les puissants Dieux que par cette alliance[4]
Il ne reste entre nous aucune défiance,
Et que m’aimant en frère, et ma maîtresse en sœur,
Nos ans puissent couler avec plus de douceur
- ↑ Var. Ses amoureux desirs, vers elle superflus. (1633-57)
- ↑ Var. Bien que dedans tes yeux tes sentiments se lisent. (1633-57)
- ↑ Var. Excusable pudeur, soit donc, je le consens,
Trop sûr que mon avis s’accommode à ton sens. (1633-57) - ↑ En marge, dans l’édition de 1633 : Il parle à Éraste et lui baille la main de Cloris.
Encore avez-vous vu son amour irrité
Faire d’étranges coups en cette extrémité ;
Et c’est avec raison que sa flamme contrainte. (1633-57)