Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXIII
SUR PIERRE CORNEILLE.

celui de 1643-1644, si la date que nous venons de proposer pour Polyeucte paraissait devoir être adoptée.

En 1643, Corneille sollicita vainement le droit de faire jouer par qui bon lui semblerait Cinna, Polyeucte et la mort de Pompée qu’il avait fait représenter d’abord par les comédiens du Marais, et que d’autres comédiens, le frustrant « de son labeur » (ce sont ses termes), avaient entrepris de représenter ; mais ce « privilége, » qui ne nous semble aujourd’hui que la simple garantie de la propriété de son travail, ne lui fut pas accordé[1].

La Suite du Menteur paraît devoir être placée à l’année 1644. C’est aussi en 1644 ou 1645 que vient la première représentation de Rodogune, qui obtint un éclatant succès, fort propre à dédommager le poëte des ennuis qu’avait dû lui causer le plagiat, d’ailleurs très-maladroit, de Gilbert, que nous avons raconté tout au long dans notre Notice sur Rodogune[2].

En 1644, Antoine Corneille, frère de Pierre, et religieux au Mont-aux-Malades, fut nommé curé de Fréville. À cette occasion, il reçut de sa mère, à titre de prêt, quelques objets mobiliers et la casaque de drap noir de son père, et donna du tout un reçu qui prouve quelle était encore la simplicité de vie de cette famille à l’époque même où l’illustre poète avait déjà écrit ses chefs-d’œuvre[3].

La chute de Théodore, qui suivit de fort près l’heureux succès de Rodogune, dut surprendre d’autant plus Corneille qu’il considérait les choses de trop haut pour être sensible à ce que le sujet de sa pièce présentait de choquant, et qu’il s’étonnait de la meilleure foi du monde de la prévention et de l’aveuglement du public.

Vers cette époque, Louis XIV enfant lui adressa une lettre officielle afin de le prier de composer des vers pour un grand ouvrage à figures que préparait Valdor, les Triomphes de Louis le Juste[4]. Cet honneur fut bientôt suivi d’un témoignage d’admiration et d’amitié venu de moins haut, mais qui proba-

  1. Voyez Pièces justificatives, n° VII.
  2. Tome IV, p. 899.
  3. Voyez Pièces justificatives, n° VIII.
  4. Voyez notre tome X, p. 104 et suivantes.