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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/502

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LA VEUVE.

le manque des choses qui sont au-dessus des forces de la nature : en effet, Madame, quelque difficulté que vous fassiez de croire aux miracles, il faut que vous en reconnoissiez en vous-même, ou que vous ne vous connoissiez pas, puisqu’il est tout vrai que des vertus et des qualités si peu communes que les vôtres ne sauroient avoir d’autre nom. Ce n’est pas mon dessein d’en faire ici les éloges : outre qu’il seroit superflu de particulariser ce que tout le monde sait, la bassesse de mon discours profaneroit des choses si relevées. Ma plume est trop foible pour entreprendre de voler si haut : c’est assez pour elle de vous rendre mes devoirs, et de vous protester, avec plus de vérité que d’éloquence, que je serai toute ma vie,

MADAME,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Corneille.


AU LECTEUR[1]

Si tu n’es homme à te contenter de la naïveté du style et de la subtilité de l’intrique, je ne t’invite point à la lecture de cette pièce : son ornement n’est pas dans l’éclat des vers. C’est une belle chose que de les faire puissants et majestueux : cette pompe ravit d’ordinaire les esprits, et pour le moins les éblouit ; mais il faut que les sujets en fassent naître les occasions : autrement c’est en faire parade mal à propos, et pour gagner le nom de

  1. Cet avis Au lecteur, et les hommages poétiques adressés à Corneille, au sujet de sa comédie de la Veuve, par divers poëtes contemporains, ne se trouvent, ainsi que l’Argument, que dans l’édition de 1634.