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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/506

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LA VEUVE.
À MONSIEUR CORNEILLE, POËTE COMIQUE,
SUR SA VEUVE.
ÉPIGRAMME.

Rare écrivain de notre France,
Qui le premier des beaux esprits
As fait revivre en tes écrits
L’esprit de Plaute et de Térence,
Sans rien dérober des douceurs
De Mélite ni de ses sœurs,
Ô Dieu ! que ta Clarice est belle,
Et que de veuves à Paris
Souhaiteroient d’être comme elle,
Pour ne manquer pas de maris !
Mairet[1].


À MONSIEUR CORNEILLE, SUR SA CLARICE.

Corneille, que ta Veuve a des charmes puissants !
Ses yeux remplis d’amour, ses discours innocents,
Joints à sa majesté plus divine qu’humaine,
Paroissent au théâtre avec tant de splendeur,
Que Mélite, admirant cette belle germaine[2],
Confesse qu’elle doit l’hommage à sa grandeur.
Mais ce n’est pas assez : sa parlante peinture
A tant de ressemblance avecque la nature.
Qu’en lisant tes écrits l’on croit voir des amants
Dont la mourante voix naïvement propose
Ou l’extrême bonheur ou les rudes tourments
Qui furent le sujet de leur métamorphose.
Fais-la donc imprimer, fais que sa déité
Jour et nuit entretienne avecque privauté

  1. Jean Mairet, né à Besançon on 1604, mort en 1686, est au nombre des amis de Corneille dont l’affection ne sut pas résister au succès du Cid ; il est longuement question de lui dans la Notice sur cet ouvrage.
  2. Germaine, sœur.