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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/536

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LA VEUVE.

Votre éventail me plaît d’être ainsi bigarré ;
L’amour, je vous assure, est une belle chose ;
Vraiment vous aimez fort cette couleur de rose ;
215La ville est en hiver tout autre que les champs ;
Les charges à présent n’ont que trop de marchands ;
On n’en peut approcher. »

CHRYSANTE.

On n’en peut approcher. »Mais enfin que t’en semble ?

DORIS.

Je n’ai jamais connu d’homme qui lui ressemble,
Ni qui mêle en discours tant de diversités.

CHRYSANTE.

220Il est nouveau venu des universités,
Mais après tout fort riche, et que la mort d’un père[1].
Sans deux successions que de plus il espère,
Comble de tant de biens, qu’il n’est fille aujourd’hui
Qui ne lui rie au nez et n’ait dessein sur lui.

DORIS.

225Aussi me contez-vous de beaux traits de visage.

CHRYSANTE.

Eh bien ! avec ces traits est-il à ton usage ?

DORIS.

Je douterois plutôt si je serois au sien.

CHRYSANTE.

Je sais qu’assurément il te veut force bien ;
Mais il te le faudroit, en fille plus accorte[2].
230Recevoir désormais un peu d’une autre sorte. 230

DORIS.

Commandez seulement, Madame, et mon devoir
Ne négligera rien qui soit en mon pouvoir.

  1. Var. Au demeurant fort riche, et que la mort d’un père,
    Sans deux successions encore qu’il espère. (1634-57)
  2. Var, Mais il te le faudroit, plus sage et plus accorte. (1634-57)