Hélas ! ma volonté sous un autre asservie[1],
Dont je ne puis encore à mon gré disposer,
Fait que d’un tel bonheur je ne saurois user.
Je dépends d’un vieil oncle, et s’il ne m’autorise,
Je ne te fais qu’en vain le don de ma franchise[2] ;
Tu sais que tout son bien ne regarde que moi,
Et qu’attendant sa mort je vis dessous sa loi.
Mais nous le gagnerons, et mon humeur accorte
Sait comme il faut avoir les hommes de sa sorte :
Un peu de temps fait tout.
Je connois ce qu’au monde aujourd’hui vaut le bien.
Conserve ce vieillard ; pourquoi te mettre en peine,
À force de m’aimer, de t’acquérir sa haine ?
Ce qui te plaît m’agrée ; et ce retardement.
Parce qu’il vient de toi, m’oblige infiniment.
De moi ! C’est offenser une pure innocence.
Si l’effet de mes vœux n’est pas en ma puissance[3],
Leur obstacle me gêne autant ou plus que toi.
C’est prendre mal mon sens ; je sais quelle est ta foi.
En veux-tu par écrit une entière assurance[4] ?
Elle m’assure assez de ta persévérance ;
- ↑ Var. Hélas ! ma volonté sous une autre asservie. (1652-57)
- ↑ Var. Je te fais vainement un don de ma franchise ;
Tu sais que ses grands biens ne regardent que moi. (1634-57) - ↑ Var. Si l’effet de mes vœux est hors de ma puissance. (1634-57)
- ↑ Var. Qu’un baiser de nouveau t’en donne l’assurance. (1634-57)