Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/142

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en l’absence de tout renseignement biographique, de faire simplement observer que Mlle Cosnard était de Sées, qu’elle recevait les compliments d’un maître des eaux et forêts de Vire, et qu’elle imitait dans sa pièce Agathonphile, roman de Jean-Pierre Camus, ancien évêque de Belley, retiré alors à l’abbaye d’Aunay, près de Caen, où il exerçait les fonctions de vicaire général du diocèse de Rouen. C’est, ce nous semble, plus qu’il n’en faut pour expliquer un peu l’intérêt que son ouvrage inspirait à Corneille.


Que tes Chastes martyrs vont te faire d’amants,
Que parmi leurs travaux tu sèmes d’ornements,
Et que ton coup d’essai, si digne de mémoire,
Doit enhardir ta plume à redoubler ta gloire !
Poursuis, divin esprit, continue à charmer, 5
Entretiens ce beau feu que tu viens d’allumer ;
Bientôt à cet effort fais succéder un autre
Qui couronne ton sexe, et fasse honte au nôtre :
Des Muses nous prenons le génie et la loi,
Qui ne sont après tout que filles comme toi. 10
Je te dis de leur part que dessus le Parnasse,
Au milieu de leur chœur[1] elles te gardent place,
Et que tes premiers vers ont assez de douceur,
Pour faire la dixième entre ces doctes sœurs.
Moi-même pour me faire admirer sur la scène, 15
Je te voudrai pour guide au lieu de Melpomène ;
Et chacun après moi, pour boire en leur vallon,
Préférera ton aide au secours d’Apollon.
Ne te lasse donc point d’enfanter des merveilles,
De prêter ton exemple à conduire nos veilles, 20
Et d’aplanir à ceux qui l’auront imité
Les illustres chemins à l’immortalité.


  1. L’édition originale porte cœur.