Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/195

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10e de juillet 1664, » d’un sonnet composé par Corneille au sujet de la mort de cet Henri II de Lorraine. Il nous paraît à peu près certain que ce sonnet est celui qui va suivre, et que c’est bien en 1664 qu’il a été composé. Voici du reste le passage de Mézerai : « Feu M. de Guise ayant fort aimé les belles-lettres, et lui-même composé l’histoire de son entreprise de Naples, et fait quantité de fort beaux vers, les poëtes se sont exercés à lui dresser des éloges et des épitaphes ; j’ai joint à ce mémoire un sonnet de l’incomparable M. Corneille, et moi-même, bien que je ne sois pas poëte, néanmoins excité par le souvenir de l’affection que ce prince a eu la bonté de me témoigner, comme j’ai su qu’on vouloit faire un recueil de ces pièces, je me suis senti ému d’un grain de folie poétique et ai rimé le sonnet que voici, une nuit que je ne pouvois dormir : Aux poëtes, sur les pièces qu’ils ont faites à l’honneur de M. de Guise, c’est pour mettre à la tête du Recueil. » Après avoir copié son sonnet, que nous jugeons inutile de reproduire, Mézerai ajoute : « C’est assurément avoir bien de l’effronterie de joindre un si méchant sonnet à celui de M. de Corneille ; mais les poëtes ont des suivants, et l’on m’a assuré que le sens en étoit bon et l’air assez poétique. » Toutes les recherches que nous avons faites pour trouver quelque trace du Recueil dont il est question ici sont restées sans résultat.

Tallemant des Réaux, dans ses Historiettes (tome VII, p. 254), nous apprend que notre poëte était un des commensaux de la maison : « Corneille, dit-il, a trouvé moyen d’avoir une chambre à l’hôtel de Guise. » Ce témoignage est corroboré par celui de l’abbé d’Aubignac. Attribuant à Corneille la Défense de la Sophonisbe, qui est réellement de Donneau de Visé (voyez tome VI, p. 457-459), il s’exprime de la sorte dans un de ses plus violents pamphlets : « Davantage, cette Défense est dédiée à M. le Duc de Guise, et il n’y avoit que vous capable de lui présenter un amas d’ignorances, d’injures et de mensonges ; c’est un grand prince dont la naissance et l’érudition, peu commune à ceux de sa qualité, méritent bien qu’il soit l’objet des veilles et des ouvrages des plus savants ; mais vous avez été bien peu judicieux de payer en si mauvaise monnoie le couvert et la table dont il vous honore. » (Deux Dissertations concernant le poème dramatique… Paris, du Brueil, 1663, p. 117 et 118.)


Croissez, jeune héros ; notre douleur profonde
N’a que ce doux espoir qui la puisse affoiblir ;