Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/216

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Charleroi[1], qui t’attend, mais à portes ouvertes,
À forts démantelés, à travaux démolis[2],
Sur le nom de son roi[3] laisse arborer tes lis.
C’est là le prompt effet de la frayeur commune ;
C’est ce que font sans toi ton nom et ta fortune. 150
Heureux tous nos Flamands, si l’exemple suivi
Eût partout à tes droits fait justice à l’envi !
Furne n’auroit point vu ses portes enfoncées ;
Bergue n’auroit point vu ses murailles forcées[4] ;

    Tu quoque tu Carli de nomine dicta, novoque
    Arx fabricata opere, et valido molimine structa :
    Te, quanquam aggeribus vallatam et flumine circum
    Defensam gemino tela omnia et omnia contra
    Fulmina Gallorum, nil fulminis indiga telive
    Una nec aspecti Regis fortuna subegit.
    Atque utinam hunc morem et vestra hæc exempla secutæ
    Cessissent reliquæ, nec justa in sceptra rebelles
    Indignum hoc propria nomen sibi clade parassent.
    At procul ejectos vallis Furnensibus hostes,
    Et domita video fractos excedere Berga.

    place : ce qu’ils exécutèrent le 24, sans aucune résistance de la garnison, qui étoit de soixante hommes, lesquels se sauvèrent, à la réserve de leur commandant, qui fut fait prisonnier : les Espagnols ayant commencé de la démolir, ainsi que la Bassée, Condé, Saint-Guilhain, et plusieurs autres places, qu’ils ont abandonnées pour s’appliquer mieux à la défense des plus importantes. »

  1. Charleroi se rendit à Turenne le 2 juin.
  2. « Avec des mines il (Castel Rodrigo, qui commandait à Charleroi) fit sauter tout le corps de la place, et on la trouva mieux rasée que peut-être jamais forteresse l’ait été, à l’exception toutefois des dehors qui demeurèrent entiers, et qui parurent encore si beaux aux yeux du Roi qu’il vouloit la faire rétablir. » (Relation de la guerre de Flandres, p. 33.)
  3. Charleroi devait son nom à Charles II, roi d’Espagne, frère de Marie-Thérèse.
  4. Bergues-Saint-Vinox, en flamand Berghen, fut pris le 6 juin 1667, et Furnes seulement le 12. La Rue et Corneille suivent assez bien l’ordre des temps, non pourtant, on le voit, au point d’encourir