Votre défaite en chasse un sort plus rigoureux :
Si vous aviez vaincu, vous seriez moins heureux.
On m’en croit, on l’aborde, on lui porte des plaintes ;
Il écoute, il prononce, il fait des lois plus saintes ;
Chacun reste charmé d’un si facile accès,
Chacun des maux passés goûte le doux succès[1],
Jure avec l’Espagnol un éternel divorce,
Et porte avec amour un joug reçu par force.
C’est ainsi que la terre, au retour du printemps[2],
Undique festivo fremit omnis Belgica pubes
Murmure : composito pars labra natantia risu,
Pars lætos oculorum ignes, et utrinque fluentem
Erecta cervice comam ; pars ardua frontis
Miratur decora, et cultu sub simplice laudat
Regales habitus, majestatemque serenam ;
Cuncti animum flecti facilem plebisque patentem
Questibus, et recta librantem singula lance,
Et memorant ultro, et tanto sibi vindice gaudent.
Sic, ubi post longas hiemes insanaque Cauri
- ↑ Le succès, l’issue. Voyez le Lexique.
- ↑ Les onze vers latins qui correspondent aux vers 323-332 se trouvent aux pages 5 et 6 du tome III de la troisième édition des Œuvres de Santeul publiée en 1729. Ils sont intitulés : In hæc verba S. Augustini Deum alloquentis : « Quis mihi dabit acquiescere in te ? Quis mihi dabit ut venias in cor meum, et inebries illud, ut obliviscar mala mea, et unum bonum meum amplectar te ? » (Augustini Confesslones, lib. I, cap. v.) Ensuite viennent les vers français avec ce titre : Sur la conversion de S. Augustin. Sur ces paroles de S. Augustin (au premier livre de ses Confessions, chapitre v), traduction par Pierre Corneille : « Qui me fera la grâce, Seigneur, de me reposer en vous ? Qui me fera la grâce de vous voir venir dans mon cœur, et l’enivrer du vin céleste de votre amour ? afin que je perde le souvenir de mes maux, et que je vous embrasse de toutes les puissances de mon âme, comme mon seul et unique bien. » — Santeul est-il le véritable auteur des onze vers latins, et le P. de la Rue les a-t-il insérés plus tard dans son poëme, ou bien, ce qui est beaucoup plus vraisemblable, a-t-on trouvé dans les papiers de Santeul un simple rapprochement entre ces vers du P. de la Rue et le passage