Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/332

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Et qu’il puisoit à fonds dans le sein de sa gloire
Le merveilleux projet de sa divine histoire :
Monument éternel, où la postérité
Viendra dans tous les temps chercher la vérité. 70
Mais puisqu’un même sort te donne dans la France
Du plus grand des héros l’illustre confidence,
Et que par sa faveur tu vois jusques au fonds
Des secrets de l’État les abîmes profonds,
Ne donneras-tu pas, après tes doctes veilles, 75
De ce grand conquérant les faits et les merveilles ?
Et d’un style éloquent ne décriras-tu pas
Ses conseils, ses exploits, ses sièges, ses combats[1] ?
Le monde attend de toi ce merveilleux ouvrage,
Seul digne des appas de ton divin langage : 80
Les faits de ce grand roi perdroient de leur beauté,
Si tu n’en soutenois l’auguste majesté ;
Et sa gloire après nous ne seroit pas entière,

    Sensus reportans, dia volumina
    Condebat, æternos in annos
    Eximiæ monumenta genti.

    Tu nonne mentis cum tibi regiæ
    Sit particeps mens, scriniaque abditi
    Ingressa veri, tandem aperta
    Luce frui dabis alta tanti

    Commenta Regis, consilia, et pii
    Mavortis artes, fortia prælia,
    Ludosque fortunæ malignæ ?
    Auspicio meliore cassos ?

  1. Louis XIV avait voulu que Pellisson l’accompagnât dans sa première expédition en Franche-Comté (1668). Pellisson écrivit la relation de cette conquête, et le Roi en fut si content qu’il chargea l’auteur d’écrire l’histoire de son règne et lui assigna une pension de six mille francs.